Un courant libéral bien québécois
Un courant libéral bien québécois
L’actualité politique est gravement préoccupante pour les Québécois qui partagent les idéaux et valeurs à la fois libérales et fédéralistes. En plus d’un parti libéral du Québec maintenu au plus bas dans les sondages, la sévère défaite du parti libéral du Canada aux élections partielles du 17 septembre dernier a montré que ce qui est présentement en jeu au sein de la société québécoise, c’est non seulement l’influence électorale, mais l’existence même d’un libéralisme politique enchâssé dans une vision résolument fédéraliste de notre pays.
Devant quoi nous, libéraux (avec ou sans carte), fédéralistes et Québécois à part entière, refusons de baisser les bras, et affirmons notre détermination à relever le défi qui nous est posé. Cela, d’abord parce que nous adhérons au libéralisme, cette philosophie politique fondée sur la primauté de la liberté individuelle, sur la transformation paisible et démocratique des institutions politiques, sociales et économiques pour assurer le développement optimal et durable de l’activité humaine, et sur l’attachement à une société qui protège les droits individuels et les libertés civiles.
Il existe bel et bien un courant libéral dans la société québécoise. C’est lui qui, tout au long de notre histoire, a lutté pour l’avènement chez nous de la modernité et du progrès social et économique. C’est lui aussi qui a combattu sans relâche pour les libertés et les droits individuels, qui a vaillamment promu l’esprit de tolérance et d’ouverture sur le monde, de même que la participation active des Québécois à la construction du Canada. Les Québécois qui ont fait vivre ce courant libéral se sont toujours démarqués par leur esprit de bâtisseurs, par leur audace créative, par leur farouche défense de la liberté de pensée et d’expression, et aussi par leur constant désir d’équité sociale, car, pour un libéral, chacun dans la société doit pouvoir bénéficier des opportunités nécessaires à l’épanouissement de son individualité – ce qui, d’ailleurs, est l’une des valeurs libérales que nous chérissons le plus.
À l’encontre des adeptes d’idéologies passéistes qui s’acharnaient à isoler notre société du reste du monde, le courant libéral a façonné l’identité du Québec moderne. Ainsi, au morne « Notre Maître le Passé» d’un Lionel Groulx, le courant libéral québécois a opposé le vibrant « Notre Maître l’Avenir », proclamé en 1944 par le premier ministre libéral Adélard Godbout, créateur d’Hydro-Québec et instaurateur du droit de vote des femmes et de l’éducation gratuite et obligatoire. Résolument engagé dans la promotion de la langue et de la culture françaises, le courant libéral s’est reconnu, et se reconnaît toujours, dans cette idée qu’énonçait Jean-Charles Harvey, ce grand penseur libéral de chez nous et éminent précurseur de la révolution tranquille : « Le français n’a de chances de survivre que s’il devient synonyme d’audace, de culture, de civilisation et de liberté ». À cette idée, nous, libéraux québécois, adhérons profondément en ce début de 21e siècle caractérisé par la mondialisation, car nous ne sommes en rien angoissés pour la survie de notre identité linguistique et culturelle francophone. Contrairement à ceux qui ne cessent d’alarmer nos concitoyens contre la prétendue «menace» que poseraient nos compatriotes anglophones ou immigrants, nous avons une confiance indéfectible en la capacité des Québécois d’assumer pleinement leur langue et leur culture et de se projeter dans l’avenir.
Les enjeux qui agitent présentement la planète nous préoccupent. Le libéralisme s’identifie fortement avec le multilatéralisme et c’est sous de grandes figures libérales, comme Lester B. Pearson et Lloyd Axworthy, que le Canada a acquis une formidable réputation dans le monde et fait progresser les causes les plus chères à nos valeurs comme la sécurité humaine, une vision de notre humanité aujourd’hui universellement acceptée.
Le courant libéral est encore bien vivant dans le Québec d’aujourd’hui. Nous en sommes, fièrement. Plusieurs parmi nos concitoyens et concitoyennes en partagent eux aussi les idéaux et valeurs. Mais la situation difficile que vivent présentement chez nous les partis politiques d’obédience libérale pose le risque d’un affaiblissement important de ce libéralisme politique qui a pourtant tellement contribué à l’édification du Québec moderne, et dont les valeurs et idéaux valent, aujourd’hui plus que jamais, la peine d’être défendus avec courage et persévérance.
Nous appelons donc les libéraux québécois à renouer avec l’audace et la confiance en eux-mêmes. Restons certes fermement attachés à nos convictions et à nos idées, mais ne craignons jamais de les renouveler pour mieux les adapter aux défis d’aujourd’hui et de demain. Remettons-nous le cœur à l’ouvrage. Assumons, tous et chacun, notre part du leadership nécessaire. Comme nos prédécesseurs l’ont montré, le renoncement devant le difficile et l’adversité n’est pas libéral : nous nous engageons à en faire la preuve à notre tour, pour que le courant libéral québécois puisse retrouver sa capacité à construire un Québec sûr de lui-même et apte à s’investir non seulement dans un Canada qui lui appartient, mais aussi partout dans le monde.
Jennifer Crane, consultante (affaires publiques), Pointe-Claire ; Mary Damianakis, médiatrice professionnelle, Baie d’Urfé ; Stéphane Desjardins, travailleur du papier, St-Jérôme ; Jean-Pierre Dufault, travailleur agricole, Brôme ; Nathalie Goguen, journaliste, Waterville ; Catherine Grégoire, étudiante, Québec, Daniel Laprès, rédacteur-pigiste, Montréal ; Philippe Legault, étudiant, Laval ; David Simard, étudiant (maîtrise science politique, UQAM), Montréal ; Francis Tourigny, avocat, Montréal, et plusieurs autres signataires : www.courantliberal.ca
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